Les premières variantes de l'AK.

Cette fois, je vais aborder le sujet des AK produites en série (donc excluant les prototypes de pré-production) jusqu'à l'AKM. Ce sont les AK qui ont par la suite été utilisé en tant que modèle pour toutes les variantes apparaissant plus tard, sans exception. Que ce soit le Type 58 Nord Coréen ou le Galil ARM, leurs origines remontent à cette première série d'AK.

Pour commencer, il faut savoir qu'il existe 4 AK fondamentaux.

L'AK, qui fut produit de 1948 en série jusqu'en 1951. Il est communément appelé "AK-47 Type I". Le termes "AK-47" sera par la suite communément utilisée en occident pour désigner les trois premières variantes de l'AK, à cause du fait que le terme AK désigne désormais toutes les variantes (qui se compose d'une très longue non exhaustive) de la plateforme en question. C'est en gros devenu un terme générique.

L'AK-49, produit entre 1949 et jusqu'en 1953. Malgré le fait qu'AK-49 soit le nom officiel dans la documentation, il est plus connu sous le nom "d'AK-47 Type II".

L'AK-49 amélioré. Produit de 1953 jusqu'en 1960, c'est l'ultime version de l'AK. C'est une amélioration de l'AK-49.

L'AKM, produit dès 1959 jusqu'aux alentours de 1978.

Note : Le premier AK ayant reçu des chiffres dans son nom est l’AK-74, si on exclue l’AK-49 (c’était par contre pour sa défense, un rapport classifié).



Et surprise, malgré des noms similaire, il y a parfois de très grosses différences. Faisant que même si l'esthétique de l'arme semble être identique pour le commun des mortels, il y a des différences très profondes dans la conception même du fusil.

Je vais donc aborder chaque variante dans l'ordre que j'ai présenté juste avant.

D'abord, une petite introduction historique sur l'AK.

L’idée d’introduire un système d’arme automatique chambrant une munition intermédiaire date en réalité d’avant la fin de la seconde guerre mondiale.
En effet, l’essentiel des armes nouvelles du Reich étaient envoyés en priorité sur le front Est, où les combats faisaient rage dans l’Union Soviétique. Et pas mal de carabines rafaleuse MKb 42 étaient tombées entre les mains de l’URSS. C’était l’ancêtre du STG-44. Pour vulgariser, c’était le STG-44 mais tirant à culasse ouverte.

Voyant là-dedans une possibilité d’améliorer grandement leur puissance de feu, ils se mirent alors à développer des armes diverses s’inspirant de cette carabine.

La MKb 42 chambrait déjà des munitions intermédiaires (je parle bien sûr des MKb 42 Haenel et Walther, excluant le modèle 206 prototype Gustloff).

Immédiatement, plusieurs prototypes virent le jour, chambrée d’abord en 7.62x41mm, ancêtre du 7.62x39mm M43, inspirée de la 7.92x33mm Kurz.

L’AS-44 de Sudaev, l’homme qui mit au point le PPS-43. Malgré une conception prometteuse, il tomba malade et mourut.

Utilisant directement un mécanisme avec un verrouillage à culasse pivotante comme le ZB-26 ou encore le MP43, il possédait aussi un long piston solidaire à l’ensemble mobile.
Les 7 prototypes de l’armes avaient comme défaut de peser excessivement lourd.

Le TKB-415, aussi connu sous le nom d’AB-46 par Bulkin 



Ces deux armes furent par la suite entrées en compétition avec le prototype CB-P-580 (nom donné à l’AK).

L’AS-44 était l’arme qui menait clairement la marche, mais la mort de Sudaev avait marqué une fin brutale de son programme, laissant alors les compétiteurs en mode Battle Royal.

Quoique non. La doctrine soviétique dans la recherche et développement des armes à feu était bien différente de l’occident. Il n’était pas du tout mal vu, voir même encouragé d’emprunter des concepts fonctionnels sur ce qui était fiable. M. T. Kalashnikov, en s’inspirant alors de l’AS-44 et de l’AB-46 ainsi que d’autres armes de Browning sur certains points, était totalement dans cette vision des choses.

Car lors du changement de munition, passant de la 7.62x41 à 7.62x39mm suite à des raisons de séparation de l'étui au niveau de l'épaulement, Kalashnikov profita de ce moment pour refaire totalement son arme, alors que les autres ne firent qu'un simple rechambrage.

Ainsi, il s’inspira grandement de l’AB-46 et de l’AS-44 dans ses travaux. Voir il les copia. Son premier prototype était totalement en-dessous des autres. Mais jouant sur ses contacts parmi les généraux, il parvint à rester dans la compétition sur cette version en 7.62x39mm.

Le fusil d’assaut devait au passage être facile à être produite. Ils décidèrent alors d’utiliser les nouvelles ressources disponibles depuis la fin de la guerre, notamment des savants allemands capturés. Ils étaient extrêmement valuables.
En effet, avec les ressources limitées du Reich, ils étaient dans l’obligation de gaspiller le moins possible les métaux. Ce fut ainsi qu’ils développèrent énormément l'estampage.

Ce procédé a pour caractéristique d’être extrêmement coûteux au niveau des outils et nécessitant beaucoup de main d’oeuvre. Il fallait une ville entière pour réussir à faire tourner les usines. En échange, le produit fini avait besoin de moins de matières premières et était plus rapide à être produite. Donc il était possible d’amortir les coûts de production de manière conséquente avec la production en masse.

Ce fut pour cette raison que tous les pays ayant eu une usine de production d’AK à estampage produisirent en masse (et parfois aujourd’hui encore) des AK. Car une fois les machines montées et la main d’oeuvre formée, la production était rapide à faire.

Pour précision, je vais aussi ajouter que l'estampage d'une AK et autre fusil d'assaut de ce type n'a rien à avoir avec l'estampage d'une arme simple comme un PPS43, c'est un degré de complexité absolument différent.

Et parlant de PPS-43, l’AK fut dans un premier temps conçu pour remplacer les pistolets-mitrailleur. La crosse inclinée optimisait le tir depuis la hanche par exemple. Le SKS était l’arme censée prendre le rôle du Mosin-Nagant et d’autres fusils. Mais par la suite, ce fut l’AK qui resta, en se rendant compte que ce dernier pouvait facilement prendre le rôle du SKS (l’AK pouvait prendre le rôle du SKS, mais l’inverse n’était pas possible).

Seuls quelques pays gardèrent cette distinction entre le fusil semi-automatique précis et le fusil d’assaut en tir à la hanche à la manière des mitraillettes, comme la Chine et leur carabine Type 56 (SKS) et le fusil d’assaut Type 56 (AK).


Cela dit nous allons dans un premier temps aborder le vif du sujet avec, le véritable AK, le modèle 1 qui découle directement du prototype validé, qui est le modèle de 1947.

L’AK

Illustration d'un modèle de première production en série en guise d'exemple 

(Je n'ai réussi qu'à trouver un modèle AKS qui montre les caractéristiques en question).
Modèle de production "courante" jusqu'à sa mise hors service : 


Comme je l'ai dis, je ne vais pas entrer dans les détails avec les prototypes. Les premières évolutions à noter durant cette production est le changement du levier d'armement, avec un passage du modèle cylindrique à un simple crochet. L'usinage est bien plus simple, et le résultat est identique.
On peut par la suite noter la disparition des évents au niveau de la bouche du canon (qui, il faut savoir est vissé en bout du canon à la manière d'un cache flamme. Cela restera ainsi pour toujours dans les modèles russe), probablement dans le but de simplifier la production, ou peut-être à cause d’inefficacité voir du fait qu'elles pouvaient provoquer des problèmes. Sur ce point, il n'y a que peu d'informations.

Aperçu interne (source : Forgotten Weapons, vidéo sur l’AK Type I. À voir absolument au passage, ainsi que la vidéo sur le Type II et toutes ses autres vidéos).


Le boîtier possédait peu de renforcement centraux. La sûreté mécanique par exemple, n’était fixée que d’un seul côté du boîtier (au lieu des deux, servant alors de point de renfort). Il n’y avait pas non plus de rivet central comme sur les AKM.
Le tonnerre servant de point de verrouillage de la tête de la culasse était un morceau d’acier riveté sur le point central (les deux rivets au-dessus du puits du chargeur). Ce même tonnerre possédait une branche latérale sur le côté gauche, servant d’éjecteur.

Le piston était fluté pour diminuer le poids. 


Et enfin, la poignée pistolet était fixée sur une extension métallique rivetée sur le boîtier. 


On peut noter également que la crosse n’était pas directement fixée au boîtier mais était installée sur un morceau d’acier lui-même riveté sur le boîtier.

Divers détails mineux comme les évents permettant d’évacuer les surplus des gaz du piston qui sont percés de manière latérale à 90 degrés ou l’aspect assez lisse du boîtier mais surtout, le bloc du tonnerre dépassant sur le flanc de l’arme permettent d’identifier facilement cette version par rapport aux autres.

Cette arme avait été produite dans une usine récente à Izhevsk.Kalashnikov étant une jeune personne avec des idéaux nouvelles, le gouvernement soviétique avait peur qu’en l’envoyant dans une manufacture d’arme plus traditionnelle comme Tula, que la bureaucratie conservatrice joue contre ce jeune homme talentueux. De plus, Izhevsk abritait pas mal de jeunes ingénieurs talentueux.

Ce qui était donc un bon point de départ pour produire un système d’arme inédit dans l’arsenal russe.

L’AK était une arme qui avait passée avec brio tous les tests. Au point où sur le test de fiabilité, il avait pu tirer toutes les munitions fournies lors du test sans un seul accroc.

Néanmoins, un gros problème survint lors de la production. Et en réalité, ce problème ne venait pas de l’arme ni même de la qualité de la fabrication. Mais plutôt un problème qu’on pouvait qualifier de technologique.

Une grande partie des boîtiers des AK qui sortaient des chaînes de l’usine ne passaient pas le contrôle, devant alors être refondues ou jetés. Et les pertes étaient tellement grandes qu’il avait fallu trouver une solution face à ce problème. En effet, il y avait un nombre si grand de boîtiers à jeter que les avantages de l’estampage face à l’usinage était devenu moindre.

Mais, l’arme étant déjà entrée en service active, il fallait tout de même trouver une solution.

L’AK-49

L’équipe de Valery Kharkov fut alors chargé de trouver un moyen de régler ce gros problème.

Très vite, ils arrivèrent à trouver une solution qui donna satisfaction au gouvernement. L’idée était alors de produire un boîtier forgé puis usiné, avec plus de 120 passages d’outil. Cela donnait alors une pièce d’acier virtuellement indestructible.




L’arme gardait certaines caractéristiques de l’AK premier du nom, comme le piston flûté. Les évents en revanche étaient dirigés vers le haut.


La différence ne réside essentiellement que dans le boîtier. Désormais produit sur un seul bloc d’acier, pour faire simple au lieu de plier une feuille fine d’acier on découpait directement depuis un gros pavé pour obtenir un produit final.



On obtenait alors une augmentation significative du poids final atteignant presque le kilo, mais l’URSS fournît ces nouvelles itérations de l’AK en le considérant comme étant plus évolué aux troupes. Ce qui était vrai, mais uniquement du point de vue de la production.

L’AK de base resta tout de même en production le temps que la quantité d’AK-49 atteigne une quantité produite satisfaisante.

Ce fusil avec son boîtier lourd, nécessitait alors des découpes diverses pour tenter de diminuer le poids. Par exemple, au-dessus du puits du chargeur, le rectangle n’a pour seul but que de retirer des matériaux afin de l’alléger.

D’un autre côté, il n’y avait désormais plus besoin de pièce de renforcement dédié au verrouillage de la tête de la culasse, ce dernier se faisant maintenant directement dans le boîtier. Car il était largement assez solide pour pouvoir réaliser cela, alors que sur un boîtier estampé comme pour l’AK premier du nom, un tel système aurait pas tenu longtemps.

Ce “truc qui dépasse derrière” est l’extension produite à part pour la crosse. 


C’était parce que cette section n’était pas usinée sur les mêmes machines mais à part. Ainsi, ils pouvaient produire des AKS (modèle crosse pliante par le dessous, inspiré directement du MP-40) sur ce même boîtier en perçant un simple trou latéral.

Le canon était vissé au boîtier, tout comme pour l’extension (le tonnerre plus ou moins) de l’AK.

Des différences mineures étaient aussi présentes, Par exemple, les bords du sélecteur de tir avaient été surélevés, afin de pouvoir glisser sur la surface de l’arme même si un rivet était légèrement sortie de leur trou.


Assez rapidement, une autre évolution arriva, sans grande différence avec l’AK-49.

L’AK-49 amélioré, ou AK-47 Type III



Les différences sur ce modèle sont assez mineures avec l’AK-49.

On peut noter par exemple la disparition des renforcements pour le couvercle, jugés absolument inutile (situé vers l’arrière du boîtier, sous le couvercle). Le couvercle lui-même est désormais produit sur un morceau d’acier plus fin (il n’y a pas de contrainte mécanique exercé sur cette pièce. On peut même tirer sans couvercle si on le veut).

Le piston n’est désormais plus fluté. 
(image du bas).

Le découpage est simplifié sur de nombreux endroits, où les surfaces arrondies ont majoritairement disparu là où c’était possible.

Une autre simplification a eu lieu au niveau du point d’attache de la crosse, qui est désormais directement usiné au boîtier.

Mais durant toutes ces années depuis le début des problèmes de l’AK premier du nom, des recherches étaient en cours pour trouver un moyen de produire l’AK comme il le fallait. L’AK estampé.

L’AKM



Le véritable fusil d’assaut légendaire, l’Автома́т Кала́шникова модернизи́рованный ou Kalashnikov Automatique Modernisé.

L’AKM était ce que devait être l’AK de base. Un fusil d’assaut destiné à la production en masse, pouvant être distribuée aux pays alliés et équiper le plus de soldats possibles. Rapide et facile à produire et ayant une énorme possibilité d’économie d’échelle (une fois les usines mises en place, on pouvait descendre très vite à moins de $100 par arme sur le long terme).

Le boîtier est de nouveau produit par le procédé d’estampage et rivetage. 


Une extension au niveau du boîtier est de nouveau présente pour le tonnerre, afin de permettre le verrouillage de la tête de la culasse sans déchirer l’acier. 


Le canon n’est en plus plus vissée mais directement pressée (presse hydraulique, pas avec les mains) avant d’être goupillée.



Trois goupilles maintiennent fermement en place l’extension.

Ensuite, un rivet de renfort central est présent, pour faire en sorte que le boîtier garde sa forme et sa consistance sur le long terme. 


Le point d’attache de la crosse a été modifié. Solidaire au boitîer à travers deux tenons, il n’y a qu’une seule barre de fixation, jugée plus que suffisante et simplifiant grandement la production. 





Le creux dans le boîtier permet de créer une surface de contact dans le puits du chargeur, afin que ce dernier ait moins de jeu une fois dans l’arme. Cela permet aussi de moins fatiguer les rebords du puits.

On peut aussi noter l’aspect rectiligne de la crosse, qui montre ce changement de la doctrine depuis celui du pistolet-mitrailleur, jugé peu efficace sur le champ de bataille en faveur d’une tactique plus proche de celui du fusil.

Sur le modèle AKM, les trous pour évacuer les surplus des gaz ont été remplacé par un flûtage de la pièce, laissant de cette manière échapper les gaz dans les creux. La manufacture est plus rapide et aisée. 


Un des crochets du marteau a été remplacé par un retardateur. 

Les doubles crochets sur les AK étaient de bases prévues pour en avoir une au cas où l’autre se brisait. C’était un problème extrêmement rare (la durée de vie d’une queue de détente d’AK dépasse sûrement plus d’un siècle).

Ce dispositif était une mesure de précaution au-cas où le ressort de rappel était mal calibré, ou si pour une quelconque raison l’ensemble mobile (incluant alors la culasse) faisait un rebond après la fermeture (phénomène durant une fraction de seconde). En retardant l’abaissement du marteau de quelques centièmes de secondes, on arrivait alors à éviter un enrayage. En effet, l’AKM possédait aussi une sûreté dans la conception du transporteur, faisant que le marteau ne peut pas frapper le percuteur s’il n’est pas présent aux alentours de 10mm de sa fin de course (il se fait arrêter par l’angle du transporteur).

Cette sûreté de conception à elle-seule était par contre insuffisante car la vitesse du marteau avec un ressort de tension était bien supérieure à celui du transporteur et son ressort de compression de rappel.

Ces précautions étaient à cause du fait que l’AKM, en cas de mise à feu prématurée avait plus de chance d’être totalement détruit (le boîtier fabriqué sur un acier flexible, se tord à chaque tir et les grenades à fusil peuvent carrément le ployer sous la force).

Le canon est aussi plus fin. Un frein de bouche biseauté et incliné sur l’angle de son choix 2h pour les droitiers, 10h pour les gauchers) a aussi été inclus à la bouche du canon (vissé, afin de permettre le changement ou le montage d’un modérateur de son PBS).

D’autres détails mineurs sont présents, mais bien plus marginaux et pas vraiment si intéressant.



Basiquement, ce qu’il y a à retenir est que le véritable AK de M. T. Kalashnikov avait été produit qu’en petite quantités. Les modèles ayant été les plus utilisés n’étant au final que des versions lourdement modifiées par d’autres personnes dont leurs noms furent vite oubliés. L’URSS avait en effet utilisé Kalashnikov en tant qu’outil de propagande. Mais ce n’était pas pour autant que ce ne fut pas un concepteur extrêmement talentueux qui créa et mit au point l’AK.

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